Une nouvelle politique d’accès au Piton de la Fournaise ?

Dominique Decobecq

        Pour cette année des Géosciences, se pose la problématique d’accès lors d’une éruption au Piton de la Fournaise, le volcan le plus actif de France si bien mis en valeur dans les manuels scolaires de SVT ou lors des campagnes publicitaires en métropole pour l’île de la Réunion (les affiches montrent souvent une belle photo d’une éruption volcanique). En fait, la réalité est bien différente puisque lors d’une éruption tout accès est interdit !

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2025, l’année des Géosciences

        À l’heure des grands bouleversements globaux et particulièrement du système climatique terrestre à un rythme sans précédent, sensibiliser des publics variés aux géosciences est devenu primordial. C’est aussi l’occasion de montrer la grande diversité de métiers autour des géosciences, et la possibilité pour chacun et chacune de s’épanouir professionnellement ! Ce rapprochement implique un partage de la recherche « en train de se faire », mais également de ses applications à travers la mise en valeur des carrières variées trop souvent méconnues des jeunes publics.

        Comprendre la dynamique du climat à toutes les échelles de temps, l’origine et le fonctionnement des risques géologiques, les mécanismes des formations des roches et minéraux d’intérêts économiques, ou encore quelle est la structure interne de la Lune ou de Mars sont autant de questions auxquelles les géosciences tâchent de répondre.

Une nouvelle politique d’accès au Piton de la Fournaise ?

        Pour cette année des Géosciences, se pose la problématique d’accès lors d’une éruption au Piton de la Fournaise, le volcan le plus actif de France si bien mis en valeur dans les manuels scolaires de SVT ou lors des campagnes publicitaires en métropole pour l’île de la Réunion (les affiches montrent souvent une belle photo d’une éruption volcanique). En fait, la réalité est bien différente puisque lors d’une éruption tout accès est interdit !

        Paradoxe, quand en Islande, le gouvernement favorise le tourisme éruptif (lors de l’éruption du Fagradalsfjall en 2021, le site a connu au début de l’éruption 12 000 visiteurs/jour pour ensuite se stabiliser à 2 500 touristes/jour, sans aucun accident notoire). «Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ! »

        Pour rappel, les restrictions d’accès au pas de Bellecombe sont apparues, sous certaines conditions, en juin 1972. En 2017, l’accès à l’Enclos du Piton de la Fournaise est totalement interdit en périodes de phases de crises éruptives et de sauvegarde (alertes 1, 2 et sauvegarde). Cette interdiction est régie par l’arrêté préfectoral du 8 novembre 2021 portant approbation de la disposition spécifique ORSEC «Volcan Piton de la Fournaise ».

        Des élus, des professionnels de la montagne, des opérateurs touristiques et des habitants émettent régulièrement le souhait que la réglementation en période éruptive évolue, de telle manière que le volcan constitue un réel attrait touristique. L’approche historique et l’appropriation culturelle sont également mises en avant par les Réunionnais.

        Le préfet Jérôme Filippini (2022 à 2024) a lancé une étude de réflexion vis-à-vis de l’accessibilité du Piton de la Fournaise, dont le rapport fut rendu le 18 décembre 2023. Le rapport a été rédigé selon une triple approche : des échanges avec les partenaires (Conseil départemental, communes concernées, ONF, gendarmerie, OVPF, universitaires, acteurs touristiques, associations, ...) ; des visites sur le terrain (tunnels de lave, accès au Pas de Bellecombe, partie haute de l’Enclos, gîte du volcan, etc.) ; l’analyse de la littérature scientifique et de la réglementation en vigueur. À cette phase a succédé une phase de confrontation des évolutions possibles avec la réunion de différents groupes de travail (juridique, sécurité, aménagement du site, tourisme/économie). Ce rapport distingue 15 propositions.

        1) Instaurer un comité partenarial de réflexion sur les aménagements et dispositifs de gestion prévus pour valoriser le volcan et assurer la sécurité.

        2) Autoriser l’accès aux tunnels de lave de l’éruption de 2007, à l’exclusion du puits du Tremblet.

        3) Veiller à une mise à jour régulière de la liste de diffusion des alertes émises par la préfecture, s’agissant des accompagnateurs de moyenne montagne et des guides de haute montagne et des professionnels de la spéléologie.

        4) Finaliser l’implantation d’un dispositif sonore et lumineux, dans la partie haute de l’Enclos, à l’aplomb du sentier de sortie du Pas de Bellecombe-Jacob.

        5) Réunir, à chaque éruption, un comité d’experts (OVPF, ONF, BRGM, Météo-France, Atmo, PGHM, PNR, EMZ, ARS) qui serait chargé de proposer, dans la mesure du possible, une ou plusieurs zones accessibles au public.

        6) Inciter les collectivités à mettre en place des navettes de bus pour limiter les flux de véhicules, que ce soit sur la partie haute, depuis la route forestière, ou sur la partie basse (RN 2).

        7) Convier la Direction de la mer sud océan Indien (DMSOI) au comité d’experts, prévu à la recommandation n° 5, lorsque le niveau de vigilance 2-2 est activé afin de définir un périmètre d’interdiction en mer, le cas échéant.

        8) Pour les reconnaissances en phase de sauvegarde, lancer des reconnaissances à pied, lorsque les moyens héliportés sont indisponibles ou ne peuvent pas voler en raison des conditions météorologiques.

        9) Communiquer par messagerie, au début de la phase de sauvegarde, aux acteurs du tourisme pour les informer sur la situation de l’éruption et les perspectives de retour au niveau de vigilance.

        10) Étudier la mise en place de dispositifs innovants permettant d’accompagner l’observation des coulées depuis la RN2.

        11) Solliciter la ligue réunionnaise de spéléologie et de canyoning pour accompagner l’installation de panneaux d’information à l’entrée des tunnels de lave de 2007, en cohérence avec la charte graphique déployée sur la route des Laves, et en collaboration avec le propriétaire du foncier.

        12) Étudier la faisabilité d’installer un poste avancé de la gendarmerie nationale au Pas de Bellecombe-Jacob.

        13) Délivrer une information claire et synthétique aux visiteurs du volcan, par l’apposition de panneaux au Pas de Bellecombe-Jacob ; grâce à un QR code à l’entrée du sentier ; par l’apposition d’un panneau d’information (météo, règles de sécurité, durée d’atteinte au sommet en véhicule). Les panneaux en phase d’alerte doivent également être revus.

        14) Étudier la proposition, au parking Foc-Foc, d’une offre de services complémentaires (toilettes, petite alimentation, petit équipement de sécurité, prévention, etc.), qui pourrait être également mise en place hors épisode éruptif, dans une logique de diffusion du flux de visiteurs et de décongestion du Pas de Bellecombe-Jacob.

        15) Mieux connaître le nombre et les pratiques des visiteurs au Piton de la Fournaise au moyen de quelques questions qui leur seraient posées à l’aide d’un QR code scanné à l’entrée des sentiers.

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        Tout aménagement ou recherche d’une valorisation touristique doit commander une adaptation des règles de sécurité. C’est l’objet de la création d’un comité partenarial de réflexion autour de ces enjeux (recommandation n° 1). En premier lieu, s’agissant des recommandations liées aux enjeux de sécurité, une action à court terme a été mise en oeuvre avec l’ouverture du tunnel de lave de 2007 (recommandation n° 2). Par ailleurs, deux autres mesures sont prévues pour améliorer la sécurité des visiteurs : d’une part, au sein de l’Enclos, en prévenant les visiteurs situés dans l’Enclos, à l’aide d’un avertisseur lumineux et sonore, de la nécessité d’évacuer (recommandation n° 4) ; d’autre part, en prenant en compte le risque d’une coulée dans la mer au sein du plan ORSEC (recommandation n° 7).

        De même, des recommandations sont proposées pour délivrer aux professionnels du tourisme une information plus rapide et plus claire sur ce qu’il est possible de faire en période éruptive (recommandations n° 3, 8 et 9).

        Une des propositions majeures du rapport est d’adapter la réponse des autorités en cas d’éruption dans l’Enclos. Selon la réglementation actuelle l’Enclos est fermé systématiquement en cas d’éruption ! Le rapport préconise une réponse adaptée à chaque éruption, sur la base des connaissances scientifiques et des avis des experts, sans préjudice de la sécurité des personnes (recommandation n° 5). Cependant, la mise en oeuvre de cette recommandation pourrait accentuer le nombre de visiteurs lors d’une éruption ; les autorités doivent par conséquent s’emparer de la problématique des transports et des accès (recommandation n° 6).

        En second lieu, concernant les aspects de valorisation touristique du volcan, le rapport émet des propositions sur les aménagements et dispositifs, que ce soit sur la route nationale (recommandations n° 10 et 11), dans la Plaine des Sables (recommandation n° 14), ou au sommet avec l’implantation d’un poste avancé de la gendarmerie (recommandation n° 12). Le rapport préconise, en outre, de délivrer une information plus fréquente, plus précise et mieux adaptée en direction des visiteurs, portant notamment sur les conditions météo, sur les règles de base à respecter ou encore sur l’actualité du volcan (recommandation n° 13). Le rapport propose, enfin, une meilleure connaissance des pratiques et une évaluation des dispositifs mis en oeuvre, afin d’adapter, le cas échéant, la réglementation ou les aménagements (recommandation n° 15).

        Aujourd’hui, certaines recommandations (2, 4, 12) ont été suivies d’effet, pour d’autres il faudra attendre la prochaine éruption pour découvrir si certaines recommandations vont être mises en oeuvre. La dernière éruption remonte à plus d’un an (juillet 2023). Il faut aussi tenir compte qu’un nouveau préfet, Patrice Latron (auparavant préfet d’Indre-et-Loire) vient d’être nommé le 31 octobre 2024. Aura-t-il la volonté de continuer le travail de son prédécesseur ?

Un poste de gendarmerie au Pas de Bellecombe (île de la Réunion)

        Le 20 août 2024, un poste de gendarmerie a été inauguré afin de renforcer la présence sécuritaire au Pas de Bellecombe et assurer la prévention et la surveillance des visiteurs. Pour rappel, c’est près de 400 000 visiteurs qui se rendent chaque année au Pas de Bellecombe. Ce poste sera ouvert les week-end, les jours fériés et pendant les vacances scolaires. Deux autres équipements complètent ce dispositif : un panneau mentionnant les consignes de sécurité et une balise sonore et lumineuse pour faciliter l’évacuation des personnes se trouvant en difficulté dans l’Enclos.

Piton de la Fournaise Un nouveau gîte du volcan

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        Les travaux avaient débuté en 2021 et après plus d’un an de retard, l’inauguration a eu lieu le 15 novembre 2024. Pour ceux qui veulent passer quelques nuits à 2 200 m, ce nouveau gîte est l’idéal. Il est réalisé sous forme de trois bâtiment en forme de lave cordées épousant la topographie du terrain.

        Des « coulées de lave » en harmonie avec l’environnement et qui permet aux visiteurs de découvrir un panorama unique. Cet éco-gite propose 101 couchages sous formes de chambres doubles avec sanitaires, de chambres doubles sans sanitaires et des dortoirs de six places ainsi que des chambres quadruples pour les familles. Réservations obligatoires pour les chambres doubles et certaines chambres quadruples sur legiteduvolcan.re et pour les dortoirs réservations sur le site randogites.re. Renseignements : 06 92 85 20 91

        Un gîte idéal pour une AG !

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