Histoire de l’Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise

Aline PELTIER (directrice de l’OVPF)
Philippe KOWALSKI (directeur-adjoint de l’OVPF)

1.  Prise de vue de l’Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise,
situé à Bourg Murat, à environ 15 km à vol d’oiseau
du sommet du Piton de la Fournaise. Image © OVPF/IPGP.

        L’Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise (OVPF) fut mis en service en décembre 1979. La nécessité de doter la Réunion d’un observatoire volcanologique, apparut suite à l’éruption « hors Enclos » d’avril 1977 qui détruisit une partie du village de Piton Sainte Rose sur le littoral Est de l’île de La Réunion (une trentaine de cases détruites, la gendarmerie et l’église endommagées). Il y avait alors 177 ans que la lave n’était pas sortie de son «Enclos », cette caldera («Enclos Fouqué ») en forme de fer à cheval qui maintient naturellement la plupart des coulées dans cette zone totalement inhabitée. Cette éruption fut l’occasion d’une prise de conscience collective de la nécessité de surveiller ce volcan malgré son caractère majoritairement effusif. L’Etat, le département, et le CNRS décidèrent donc ensemble de la construction d’un observatoire volcanologique et confièrent sa gestion à l’Institut de Physique du Globe de Paris*. Ainsi, en décembre 1979, ce dernier fut mis en service à Bourg Murat, à 15 km à vol d’oiseau du sommet du volcan.

* L’Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP), grand établissement d’enseignement supérieur et de recherche, est responsable notamment de la surveillance des volcans actifs français au travers de ses observatoires (OVSG: Observatoire Volcanologique et Sismologique de Guadeloupe ; OVSM: Observatoire Volcanologique et Sismologique de Martinique ; OVPF : Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise).

1.  Localisation des stations de surveillance de l’OVPF en 2018.
Image© OVPF/IPGP, fond de carte : © Google Earth.

        L’Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise continue aujourd’hui d’avoir en charge la surveillance de l’activité du Piton de la Fournaise. À cette mission principale s’ajoutent deux autres missions : la recherche sur le fonctionnement et l’évolution des édifices volcaniques en général et du Piton de la Fournaise en particulier, ainsi que la diffusion de la connaissance.

        Depuis sa création, l’OVPF n’a cessé d’étoffer ses réseaux de capteurs et, actuellement, il maintient 103 capteurs sur 70 sites différents. Ces capteurs sont répartis sur l’ensemble de l’île de la Réunion et transmettent leurs mesures en temps réel permettant d’assurer un suivi 24 heures sur 24, et 365 jours par an de l’activité du Piton de la Fournaise.

        L’ensemble de ces capteurs fait du Piton de la Fournaise le volcan le plus densément instrumenté au monde (les observatoires du Kilauea à Hawaii ou de l’Etna en Sicile disposent d’autant de capteurs mais sur des édifices beaucoup plus imposants). Ce réseau de capteurs a permis depuis 1979, d’anticiper et de suivre 72 éruptions (1979-2018).

        Sa fréquence éruptive d’une éruption, tous les huit mois en moyenne au cours des quarante dernières années, associée à un réseau instrumental dense, font du Piton de la Fournaise un vrai volcan laboratoire. Ainsi, les équipes de l’OVPF accueillent des chercheurs du monde entier, qui viennent régulièrement développer et tester de nouvelles techniques de surveillance ainsi qu’y conduire de nouvelles études. C’est dans ce contexte que de nombreuses collaborations ont été établies entre l’OVPF et des organismes de recherche et de surveillance à l’échelle nationale et internationale (dont l’USGS et l’INGV). Depuis quelques années, un programme d’échanges scientifiques et techniques annuel lie le prestigieux HVO (Hawaiian Volcano Observatory) et l’OVPF.

        Le déploiement au fil des années de nouvelles stations de mesures associées à l’émergence de nouvelles techniques de surveillance permet aujourd’hui d’avoir une vision et une compréhension de plus en plus fine du système d’alimentation profond du Piton de la Fournaise et de mieux comprendre son dynamisme, ce qui contribue à une meilleure anticipation des éruptions.

        Parallèlement à ces collaborations internationales, l’OVPF travaille, au sein du SNOV (Service National d’Observation en Volcanologie) avec les services de l’OPGC (Observatoire de Physique du Globe de Clermont-Ferrand). Ainsi, les services OI2* (http://wwwobs.univ-bpclermont.fr/SO/televolc/volinsar/index.php), HOTVOLC** (http://hotvolc.opgc.fr/www/index.php), et DynVOLC*** (http://wwwobs.univ-bpclermont.fr/SO/televolc/dynvolc/), apportent des observations complémentaires à celles réalisées in-situ, qui intégrées aux données de l’OVPF, permettent un meilleur suivi et une meilleure gestion de crise lors des phases éruptives du Piton de la Fournaise.

* OI2 a pour mission la surveillance régulière des déplacements du sol induits par l’activité du volcan Piton de la Fournaise, à la Réunion, en utilisant des données InSAR.

** HOTVOLC est une plateforme sur Internet, basée sur les données de satellites, dédiée à l’observation en temps réel des produits volcaniques (SO₂, cendres, coulées de lave). Ce site utilise l’ingestion automatisée sur site de données de satellites géostationnaires MSG-SEVIRI à partir du protocole de diffusion primaire d’EUMETSAT via le service de diffusion vidéo numérique par satellite (DVB-S2).

*** DynVOLC contribue à fournir des jeux de données sur les produits éruptifs (échantillons de lave, scories, etc...) via des campagnes de terrain, et des analyses texturales et géochimiques.