Extraits du mémoire LAVE N°3 ( mars 2003 )
Poëmes et Volcans
Collectif
[ Le thème officiel du Printemps des poètes 2025 est la poésie volcanique. L'Association L.A.V.E. remet en lumière son mémoire n° 3 publié en mars 2003 intitulé 'Poèmes et volcans' dont le contenu ne vieillit pas ... ]
1. Vue de l'éruption du volcan le Grand-Brûlé, à l'île de la Réunion, prise des hauteurs de Bois-Blanc,d'après un dessin de M.Merme, capitaine d'artillerie de marine.
Poëmes écrits par des enfants
Poëmes écrits par des enfants de CE2 de l’école Croix-Rouge à Aulnay-sous-Bois, avec la bibliothèque Elsa Triolet.
Le Réveil du Volcan
Pendant trois ans
Le volcan a eu mal aux dents
Et il s’est réveillé
Il s’est mis à pleurer
Quand il s’est arrêté
Il a pris son petit déjeuner
Il a mangé une omelette
Mais comme elle n’était pas bien faite
Et qu’elle était trop molle
Elle a fait plein de fumerolles
Il eut de nouveau mal aux dents
Il fut très mécontent
Puis il a commencé à brailler
Il est allé se recoucher
Adrien
Vague de lave
Orange
Lumineuse comme le soleil
Crachant le feu
Au milieu des prés, volcan tu es
Né !
Vague de lave
Océan de
Lave rouge
Cratère, cheminée
Apparition soudaine, te voici
Né !
Hervé
Vagues de lave qui s’échappent du volcan,
Où coulez-vous si vite ?
Lueurs éblouissantes, lueurs effrayantes, nuées ardentes qui
Coulez le long des montagnes et brûlez tout…
Attention : volcan en éruption ! S’il vous plaît,
N’allez pas trop loin quand même !
Christiane
Violemment
Ouvrir une porte de la Terre
Lave rouge qui jaillit
Croûte terrestre qui se brise
Au secours ! C’est la
Naissance d’un volcan !
Sandra
Poëmes écrits par des enfants
Lorsque le volcan Soufriere Hills sur l’île de Montserrat se réveilla en 1995, les enfants d’une école se mirent à exprimer par écrit le fruit de leur imagination créative. Leurs efforts s’orientèrent opportunément vers l’apprentissage de leur propre langue, la mise en place des mots dans le bon ordre, la création d’un rythme et la mise en image de l’événement vécu.
Ce sont les élèves de l’école religieuse Saint-Augustine (évacuée et détruite) auparavant située dans la capitale Plymouth, engloutie sous les coulées pyroclastiques. C’est pourquoi Dieu et la prière sont parfois cités. Pour tout enfant sur cette île, ce qui se passe depuis 1995 évoque en lui un large éventail d’émotions et de sensations.
Voici quelques morceaux qui ont une valeur poétique, dont une traduction du mot à mot issue du créole ne peut être trop précise.
Ecrit en créole « Did You Hear Dat ! » de Rembert Hood (8 ans) est l’un des meilleurs. Il présente dramatiquement les vues, les sons de l’éruption et l’agitation qu’elle engendre.
Bernard Poyer
Je ne me sens pas bien avec le volcan.
Le volcan me fait peur.
La cendre a sali mon lit.
The volcano made me feel bad.
The volcano made me feel frighten.
The ash made my bed dirty
Robekha Lindsey (5 ans)
Volcan, Volcan, Volcan
Pourquoi ne nous fiches-tu pas la paix ?
Quand tu grondes,
Je frissonne.
Tu envahis mon corps avec la peur,
Quand tu pleures des larmes de cendre.
Tu continues à me frapper avec des pierres
Tandis que je cours et je gémis.
S’il te plaît laisse-nous tranquilles.
Je veux rentrer chez moi.
Volcano, Volcano, Volcano
Why don’t you lay off us?
When you rumble,
You make me tremble.
You fill my body with fear,
When you cry your ashy tearq.
You continue to hit me with stones
As I run and groan.
Please leave us alone.
I want to go home
Denbert White (9 ans)
Coulées pyroclastiques
Coulées pyroclastiques,
Coulées de boue,
Chutes de pierres,
Chutes de cendres,
Oh M. Volcan
Que de troubles tu causes à notre île d’Emeraude
Qui était un paradis !
Montserrat était en expansion
Jusqu’au jour où tu l’as réduite à néant par le feu
Brûlant tout ce qui est à ta portée
Ta cendre couvre des miles
Recouvrant tout sur son chemin.
M. Volcan, ton traitement me rend triste
Le peuple de Montserrat prie pour un soulagement
Donc, s’il te plaît, arrête ton grondement
Et tes écroulements et retourne dormir.
Pyroclastic Flows
Pyroclastic Flows,
Mud flows,
Rocks sliding,
Ash falling,
Oh Mr. Volcano
What changes you cause in our Emerald Isle
That once was a paradise !
Montserrat was climbing higher
Until you leveled it with fire
Scorching everything in your sight
Your ash travels for miles
Covering everything in its path.
Mr. Volcanon your treatment makes me sad
Montserrat’s people are praying for relief
So please stop your rumbling
And tumbling and go back to sleep.
Randy Turney (10 ans)
Soufriere Hills Volcano
Coulées pyroclastiques
Orage qui crépite
Pluie torrentielle
Eclair étincelant
Oh Volcan Soufriere Hills
Quel mystère tu es
Quelle puissance tu détiens
Du magma coulant dans tes veines
Bouleversant le visage de notre terre
Changeant les roches en sable
Mettant à genoux notre paradis
Détruisant nos arbres
Oh Seigneur je Te prie
De nous aider à vivre un autre jour.
Pyroclastic flows
Thunder cracking
Rain pourring
Lightning flashing
Oh Soufriere Hills Volcano
What a mystery you are
What power you contain
Magma flowing through your veins
Restructuring the face of our land
Turning stones into sand
Bringing paradise to its knees
Destroying our trees
Oh Lord I pray
Help us to live another day.
Denuda White (10 ans)
Soufriere Hills Volcano
Dans la nuit de mardi, vers 00h25
Le volcan commença à gronder
Ma mère me réveilla et me dit :
« Le volcan gronde
Il projette des roches, des éclairs éclatent ».
Les pierres frappaient bang, bang
Sur le toit de la maison.
Mon père alla à la voiture
Et l’approcha.
Nous devions évacuer Cork Hill
Pour aller à St. John’s.
Sur notre chemin on a vu la population courir
Et s’enfuir par la route
Les cars ramassaient les gens.
Quand on est revenus
A Cork Hill dans la matinée
On a vu la queue des véhicules au pont de Belham.
Les policiers étaient là
Demandant aux gens jusqu’où ils allaient.
On Tuesday night around 12:25
The volcano started to rumble
My mother woke me up and said,
“The volcano is rumbling
Stones coming out, lightning flashing.”
The stones were going bag, bang
On the house roof.
My father went for the car
And brought it around.
We had to evacuate from Cork Hill
And we went to St. John’s.
On uour way we sauw people running
And walking in the street.
Buses were picking up people.
When we were coming back
To Cork Hill in the morning
We saw a line of vehicles at Belham Bridge.
Policemen were there
Asking people how far they were going.
La Raine Charles (10 ans)
Un Volcan
Un volcan c’est un type spécial de montagne
Avec des ouvertures grosses ou petites
Desquelles sort de la cendre comme une fontaine
Et qui se comporte comme la pluie lorsqu’elle tombe.
Quand un volcan se met à gronder,
Les gens commencent à trembler.
Mais il ne faut pas s’inquiéter,
Seulement se presser à faire ses bagages.
Les volcans ont de très larges orifices
Dans lesquels se passent une foule de choses.
Comme de la vapeur qui s’échappe et des coulées de boue,
Mais une fois qu’ils entrent en éruption tout s’en va.
A volcano is a special kind of mountain
With openings big or small
From which ash rises like a fountain
And feels like rain when it falls.
When a volcano starts to rumble,
People begin to tremble.
But no need to worry,
Just pack your bags in a hurry.
Volcanoes have very large vents
In which takes place a lot of events.
Such as steam rising and mud flows,
But once they erupt, everything goes.
Kerise Kirnon (9 ans)
Je dormis sans soucis
Alors que le volcan grondait
Je dormis et je dormis et je dormis sans soucis
Alors que les gens hurlaient, tous terrifiés
Je dormis et je dormis et je dormis sans soucis
Alors que les éclairs éclataient dans la nuit
Je dormis et je dormis et je dormis sans soucis
Alors que toutes les lumières de l’île s’éteignirent
Je dormis et je dormis et je dormis sans soucis
Alors que les gens sautaient hors de leurs lits
Je dormis et je dormis et je dormis sans soucis
Alors que les klaxons des voitures cornaient, fuyant toutes vers le nord
Je dormis et je dormis et je dormis sans soucis
While the volcano was rumbling
I slept and I slept and I slept throuh it all
While the people were screaming and all terrified
I slept and I slept and I slept through it all
While the lightning lighted up the night sky
I slept and I slept and I slept through it all
While the lights went out all over the isle
I slept and I slept and I slept through it all
While the people got out of their beds
I slept and I slept and I slept through it all
While the cars were beeping their horns all heading north
I slept and I slept and I slept through it all.
Alexander Krakower (10 ans)
Vous avez entendu ça !
Boom ! Vous avez entendu ce gros bruit ?
Regardez dehors, qu’est-ce que c’est ?
Tout le monde regarde dehors.
L’endroit est devenu noir.
Rentrez maintenant.
Il est l’heure de se coucher.
Tous ceux qui ne sont pas dans la nuit
Vite c’est votre dernier avertissement.
Soyez présents ce matin.
Au Sud, à l’Est et à l’Ouest, tout s’écroule
Oh non, ça tremble partout !
Que quelqu’un vienne aider Montserrat
Avant que tout ne soit aplati, aplati.
Did You Hear Dat !
Boom ! You hear dat loud noise ?
Look outside, wha e be ?
Everybody look outside.
De place get dark.
Get inside now.
It’s time to head nart.
All who not in de nart
Hurry up, it’s you laas warnin.
Be there by marnin.
South, east and west a crumble.
Oh no, de whole place a rumble !
Somebody come, help Montserrat
Before de whole place get flat, flat.
Renbert Hood (8 ans)
Volcan
Si vous savez ce qu’est un volcan
Donnez-nous toute information
Pour aider notre pays.
Nous, à Montserrat
On ne sait pas grand chose sur ça
Scientifiques venus de partout
Bateaux de guerre dans le port
Touristes visitant l’île
Apportez de l’aide à notre pays.
Si vous savez ce qu’est un volcan
Donnez-nous toute information
Pour aider notre pays
Si vous avez vécu une chute de cendres
Vous savez pourquoi les Montserratiens s’en vont
Vers d’autres herbages.
Moi je resterai ici et je réussirai
Si vous savez ce qu’est un volcan
Donnez-nous toute information
Pour aider notre pays
Gronde, écroule-toi vers le nord
La lave bouillonne, esquive sa colère
Ne reste pas sur le chemin
Ou bien tu mourras disent-ils.
Gronde, écroule
Réponds à la question
Gros séisme
Tout est secoué
Quand vous continuez à vous embrouiller, à vous chamailler
Gronde, écroule
Gens devenus mortifiés
Jouez. Pas de peur
Mais qui tient la lame
Alors que Dieu le Père tient le manche
If you know about a volcano
Give us information
To help our nation
We here in Montserrat
We don’t know much about that.
Scientists from all over,
Warships in the harbour,
Tourist touring the island,
Bring help to our nation.
If you know about a volcano
Give us information
To help our nation.
If you’ve ever seen an ashfall
You know why Montserratians leave
For other pastures
But I’ll stay here and achieve.
If you know about a volcano
Give us information
To help our nation.
Rumble, tumble head for the north.
Lava is bubbling, avoid the wrath.
Don’t get in the way
Or you’ll be dead they say.
Rumble, tumble
Han a fumble
Heavy earthquake
De whole place a shake Belly a bwile
Lard me a wan dead chile.
Rumble, tumble
People be humble
You a play you no fraid
But who hol’ de blade
A Papa God hol’ de handle
Jomel Allen (10 ans)
José Maria de Heredia (1842-1905)
Les Trophées (1893)
Fleurs de feu
Bien des siècles depuis les siècles du Chaos,
La flamme par torrents jaillit de ce cratère,
Et le panache igné du volcan solitaire
Flamba plus haut encor que les Chimborazos.
Nul bruit n’éveille plus la cime sans échos.
Où la cendre pleuvait l’oiseau se désaltère ;
Le sol est immobile et le sang de la Terre,
La lave, en se figeant, lui laissa le repos.
Pourtant, suprême effort de l’antique incendie,
A l’orle de la gueule à jamais refroidie,
Éclatant à travers les rocs pulvérisés,
Comme un coup de tonnerre au milieu du silence,
Dans le poudroîment d’or du pollen qu’elle lance
S’épanouit la fleur des cactus embrasés.
Fleur séculaire
Sur le roc calciné de la dernière rampe
Où le flux volcanique autrefois s’est tari,
La graine que le vent au haut Gualatieri
Sema, germe, s’accroche et, frêle plante, rampe.
Elle grandit. En l’ombre où sa racine trempe,
Son tronc, buvant la flamme obscure, s'est nourri ;
Et les soleils d’un siècle ont longuement mûri
Le bouton colossal qui fait ployer sa hampe.
Enfin, dans l’air brûlant et qu’il embrase encore,
Sous le pistil géant qu’il s’érige, il éclate,
Et l’étamine lance au loin le pollen d’or ;
Et le grand aloès à la fleur écarlate,
Pour l’hymen ignoré qu’a rêvé son amour,
Ayant vécu cent ans, n’a fleuri qu’un seul jour.
Victor Hugo (1802-1885)
Septième partie du poème « Dicté après Juillet 1830 », lui-même premier poème des « Chants du Crépuscule ».
Le Vésuve
Quand longtemps a grondé la bouche du Vésuve,
Quand sa lave écumant comme un vin dans la cuve,
Apparaît toute rouge au bord,
Naples s’émeut : pleurante, effarée et lascive,
Elle accourt, elle étreint la terre convulsive ;
Elle demande grâce au volcan courroucé.
Point de grâce ! Un long jet de cendre et de fumée
Grandit incessamment sur la cime enflammée
Comme un cou de vautour hors de l’aire dressé.
Soudain un éclair luit ! Hors du cratère immense
La sombre éruption bondit comme en démence :
Adieu, le fronton grec et le temple toscan !
La flamme des vaisseaux empourpre la voilure.
La lave se répand comme une chevelure
Sur les épaules du volcan.
Elle vient, elle vient, cette lave profonde
Qui féconde les champs et fait des ports dans l’onde.
Plage, mers, archipels, tout trésaille à la fois.
Les flots roulent vermeils, fumants, inexorables,
Et Naples et ses palais tremblent plus misérables,
Qu’au souffle de l’orage une feuille de bois !
Chaos prodigieux ! la cendre emplit les rues.
La terre revomit des maisons disparues,
Chaque toit éperdu se heurte au toit voisin,
La mer bout dans le golfe et la plaine s’embrase,
Et les clochers géants, chancelant sur leur base,
Sonnent d’eux-mêmes le tocsin !
Mais c’est Dieu qui le veut ! Tout en brûlant des villes,
En comblant les vallons, en effaçant les îles,
En charriant les tours sur son flot en courroux,
Tout en bouleversant les ondes et la terre,
Toujours Vésuve épargne, en son propre cratère,
L’humble ermitage, où prie un vieux prêtre à genoux.
Victor Hugo (1802-1885)
Extrait de « La Légende des Siècles », XXVII, l’Inquisition.
« Le baptême des volcans est un ancien usage qui remonte aux premiers temps de la conquête. Tous les cratères du Nicaragua furent alors sanctifiés, à l’exception du Momotombo, d’où l’on ne vit jamais revenir les religieux qui s’étaient chargés d’aller y planter la croix. »
Squier : Voyage dans l’Amérique du Sud.
Les raisons du Momotombo
Trouvant les tremblements de terre trop fréquents,
Les rois d’Espagne ont fait baptiser les volcans
Du royaume qu’ils ont en dessous de la sphère ;
Les volcans n’ont rien dit et se sont laissé faire,
Et puis le Momotombo lui seul n’a pas voulu.
Plus d’un prêtre en surplis, par le saint-père élu,
Portant le sacrement que l’Eglise administre,
L’œil au ciel, a monté la montagne sinistre ;
Beaucoup y sont allés, pas un seul n’est revenu.
O vieux Momotombo, colosse chauve et nu,
Qui songe près des mers, et fais de ton cratère
Une tiare d’ombre et de flamme à la terre.
Pourquoi, lorsqu’à ton seuil terrible nous frappons,
Ne veux-tu pas du Dieu qu’on t’apporte ? Réponds.
La montagne interrompt son crachement de lave,
Et le Momotombo répond d’une voix grave :
« Je n’aimais pas beaucoup le dieu qu’on a chassé.
Cet avare cachait de l’or dans un fossé ;
Il mangeait de la chair humaine ; ses mâchoires
Etaient de pourriture et de sang toutes noires.
Son antre était un porche au farouche carreau,
Temple sépulcre orné d’un pontife bourreau ;
Des squelettes riaient sous ses pieds ; les écuelles
Où cet être buvait le meurtre étaient cruelles ;
Sourd, difforme, il avait des serpents au poignet ;
Toujours entre ses dents un cadavre saignait ;
Ce spectre noircissait le firmament sublime.
J’en grondais quelques fois au fond de mon abîme.
Aussi, quand sont venus, fiers sur les flots tremblants,
Et du côté d’où vient le jour, des hommes blancs,
Je les ai bien reçus, trouvant que c’était sage.
— L’âme a certainement la couleur du visage,
Disais-je, l’homme blanc, c’est comme le ciel bleu ;
Et le dieu de ceux-ci doit être un très bon dieu.
On ne le verra point de meurtres se repaître. —
J’étais content ; j’avais horreur de l’ancien prêtre ;
Quand j’ai vu flamboyer, ciel juste ! à mon niveau !
Cette torche lugubre, âpre, jamais éteinte,
Sombre, et que vous nommez l’Inquisition sainte,
Quand j’ai pu voir comment Torquemada s’y prend
Pour dissiper la nuit du sauvage ignorant,
Comment il civilise, et de quelle manière
Le Saint-Office enseigne et fait de la lumière,
Quand j’ai vu dans Lima d’affreux géants d’osier,
Pleins d’enfants, pétiller sur un large brasier,
Et le feu dévorer la vie, et les fumées
Se tordre sur les seins des femmes allumées ;
Quand je me suis senti parfois presque étouffé
Par l’âcre odeur qui sort de votre autodafé,
Moi qui ne brûlais rien que l’ombre en ma fournaise,
J’ai pensé que j’avais eu tort d’être bien aise ;
J’ai regardé de près le dieu de l’étranger,
Et j’ai dit : — Ce n’est pas la peine de changer. »
Jónas Hallgrímsson (1807-1845)
La montagne Skjaldbreiður
Le glacier tremblait, les feux étaient furieux,
des cris profonds dans les fondations du paysage ;
comme elles étaient tombées du haut,
toutes les étoiles de l’édifice céleste,
comme il y avait des nuées de moustiques ou de neige
beaucoup d’étincelles volèrent dans l'air;
le jour/le soleil se cacha dans d’ombres obscures,
craquait la gorge et émettait des flammes.
Écument les rouges nuées ardentes,
la fumée bleu-grise planait surtout
sur laquelle disparurent des buissons, les plaines d’herbe,
les sorbiers dans la haute gorge.
Les fleurs ne supportèrent pas cet outrage,
Chacune se fane sur place,
les têtes (des fleurs) se penchent tristement vers la terre ;
- c’était seulement le roi céleste qui cela vit.
Fjallið Skjaldbreiður
Titraði jökull, æstust eldar,
öskraði djúpt í rótum lands;
eins og væru ofan felldar
allar stjörnur himnaranns,
eins og ryki mý eða mugga,
margur gneisti um loftið fló;
dagur huldist dimmum skugga,
dunaði gjá og loga spjó.
Belja rauðar blossa móður,
Blágrár reykur yfir sveif,
undir hverfur runni, rjóður,
reynistóð í hárri kleif.
Blómin ei þá blöskrun þoldu,
blikna hvert í sínum reit,
höfði drepa hrygg við moldu;
- himna drottin einn það leit.
Jónas Hallgrímsson était un géologue qui fit une description très fameuse de la nature islandaise en forme poétique. Ce poème décrit la nature de l’île Islande née du feu sous-marin avec ses montagnes bleues couvertes par les glaciers et les vallées vertes.
Il y a du feu dans le Nord,
qui a élevé une île,
mère sur la mer,
ceinte des montagnes bleues,
fleurie des vallées d’herbe,
couverte de neige blanche.
Eldur er í norðri
ey hefur reista
móðir yfir már,
beltað bláfjöllum,
blómgað grasdölum,
faldað hvítri fönn.
Jónas Hallgrímsson (1807-1845)
Dans le poème suivant Jónas décrit le fameux cratère Víti (“L'enfer”), dans le flanc sud-ouest du volcan Krafla au nord de l’Islande qui se forma le 17 mai 1724 à la suite d’une explosion gigantesque.
traduction par Richard Kölbl
L’esprit est timide avant la fosse
chaude pleine de bourbe bleue.
Krafla, avec ses forces bizarres,
elle a fendu la montagne et déchiré son flanc.
Dans la profondeur obscure sont furieux
les cris de la mort, dont les rouges
flammes émettent les laves ardentes
sur la terre timide.
Hrollir hugur við polli
heitum í blárri veitu.
Krafla með kynju afli
klauf fjall og rauf hjalla.
Grimm eru í djúpi dimmu
dauðaorg, þaðan er rauðir
logar yfir landið bljúga
leiddu hraunið seydda.
Tristan Corbière (1845 – 1875)
Palerme
A l’Etna
Sicelides Musae, paulo majora canamus
Virgile
Etna – j’ai monté le Vésuve ...
Le Vésuve a beaucoup baissé :
J’étais plus chaud que son effluve,
Plus que sa crête hérissée ...
- Toi que l’on compare à la femme ...
– Pourquoi ? – Pour ton âge ? ou ton âme
De caillou cuit ? ... – Ça fait rêver ...
– Et tu t’en fais rire à crever ! –
- Tu ris jaune et tousses : sans doute,
Crachant un vieil amour malsain ;
La lave coule sous la croûte
De ton vieux cancer au sein.
Couchons ensemble, Camarade !
Là - mon flanc sur ton flanc malade :
Nous sommes frères, par Vénus,
Volcan ! ...
Un peu moins ... un peu plus ...
2. l'Etna
Image © Dominique Decobecq
Dominique Decobecq
V comme Vésuve
Un volcanologue voulait vivre les vrombissements
volcaniques d’un évent.
Il vint à Vulcano, mais il ne vit
que des vestales vivaces et des vents
volatils.
Ce veneur de volcans,
devant cette vacance, vitupéra.
Il se vaccina pour le Vanuatu,
où voisine, paraît-il, des volcans
volubiles.
C’est d’ailleurs le vizirat
des voyagistes volcaniques.
Notre volcanologue, après un vol
sans vodka et sans vin, mais non
sans vrille,
put après ce voyage vibrer
voluptueusement aux vociférations
du volumineux volcan
versatile.
Devenu voyeur, mais non voyant,
il put vocaliser sur les vertes vulcanales,
et se sentant à la fois vulnérable
et hors du vulgum pecus, il devint un véritable
vigile.
Ainsi, le volcanologue, comme le volcan,
devint vultueux et se prit visiblement
pour le Vésuve.
Dominique Decobecq
3. Le Vésuve
Image © Dominique Decobecq
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Extrait d'un ouvrage peu connu de LACOSTE DE PLAISANCE, intitulé "Observations sur les volcans de l'Auvergne", ouvrage édité en 1803 (an XI) chez la Veuve DELCROS et FILS à Clermont-Ferrand ...
Une aquarelle de George Sand intitulée « Paysage d’Auvergne » sortie des archives du Musée de George Sand et de la Vallée noire à La Châtre (Indre) le temps de l’exposition « George Sand, Ecolo ? » (avril-septembre 2023) est à l’origine de cet article ...