La chaîne volcanique de la Cumbre Vieja
(île de La Palma, Canaries)

Dominique DECOBECQ

L’île de La Palma est l’une des plus jeunes et des plus actives d’un point de vue volcanique de l’archipel des Canaries. Cette île est structurée en deux grandes zones volcaniques : la caldeira de Taburiente (au nord) et la Cumbre Vieja (au sud). sept des onze éruptions répertoriées dans l’archipel des Canaries depuis la colonisation (XVe siècle) se sont produites sur cette zone de Cumbre Vieja qui arme par sa chaîne volcanique tout le sud de l’île. La dernière éruption s’était produite en 1971 avec la mise en place du cône du Teneguia.

1.  La caldeira de Taburiente, depuis la Cumbre Vieja. Image © Dominique Decobecq.

La caldeira de Taburiente

        Entre 1,72 et 1,21 Ma, l’activité volcanique est très importante et un édifice d’environ 350 km³ sur 23 km de diamètre se construit, aux pentes raides pour un volcan-bouclier. Ce premier édifice, le volcan de Garafia, culminait à plus de 2 000 m. Il repose directement sur des coulées volcaniques sous-marines qui ont été émergées en même temps que s’est mis en place ce premier volcan. Les laves émises par le volcan de Garafia sont essentiellement des basaltes et des trachybasaltes.

        Aujourd’hui, elles sont peu visibles et n’affleurent qu’au fond des barrancos du Nord de l’île, dans les puits et des galeries d’adduction d’eau et au coeur même de la caldeira (où sont visibles également des pillow lavas).

        Vers 1,2 Ma, un effondrement latéral de masse emporte une grande part du flanc Sud du volcan bouclier. Plus de 50 km³ de matériaux volcaniques sont emportés et arrivent dans l’océan jusqu’à 4 000 m de profondeur.

        A la suite de cet événement les éruptions reprennent (entre 1,12 et 0, 83 Ma) et les coulées de lave s’étalent sur 400 m d’épaisseur. Elles épousent la structure de la dépression ouverte vers le Sud, et qui a été creusée dans les séries volcaniques du Garafia. Puis les coulées débordent de cette structure et s’empilent pour former un nouveau strato-volcan (le volcan de Taburiente). Il y a environ 560 000 ans, se produit un second effondrement latéral à l’origine de la caldeira de Taburiente.

        Entre 0,83 et 0,41 Ma, le dynamisme éruptif est essentiellement fissural, produisant d’épaisses coulées de basaltes et basanites. Quelques phases finales différenciées (téphrites, phonolites, trachytes) signalent la migration de l’ascension magmatique vers le Sud, où débute la mise en place de la Cumbre Vieja il y a environ 130 000 ans.

2.  Lave de l'éruption de La Palma

La Cumbre Vieja

        C’est un alignement spectaculaire, sur 20 km, de direction nord-sud, d’une multitude de volcans monogéniques (environ 80 cônes de scories et 3 dômes de phonolite). Cette ride volcanique a la particularité d’être haut perchée (l’altitude avoisine les 2 000 m) avec des flancs très pentus (15 à 20° en moyenne). La Cumbre Vieja est considérée comme l’équivalent d’une riftzone.

        L’activité volcanique au cours des derniers 0,1 Ma a été principalement dominée par du strombolien et du phréato-strombolien. Sept éruptions (voir tableau) se sont produites ces 600 dernières années (avec un calme éruptif qui dura 237 ans entre les éruptions de 1712 et 1949. Pour ces sept éruptions renseignées, il y eut à chaque fois l’installation d’un cône de scories aux multiples noms. On peut s’étonner que l’éruption actuelle se produise depuis un cône anonyme, et qu’il n’est fait référence qu’à la Cumbre Vieja.

        La dernière éruption volcanique, avant celle de 2021, se produisit en 1971. C’était une éruption modérée (elle ne dura que 24 jours), combinant phases effusives et explosives. A l’époque, le Sud de l’île n’avait que peu d’habitations et le tourisme était balbutiant aux Canaries. Cette éruption de 1971 recouvrit en grande partie les coulées de l’éruption de 1677. L’éruption coûta cependant la vie à deux personnes en raison de l’inhalation de gaz.

3.  Tableau des éruptions historiques de l’île de la Palma (Canaries).