Quelques actualités volcaniques... du 1er septembre au 30 novembre 2023
_______________ Ludovic Leduc _______________
Extrait de la revue LAVE N°215 parue en septembre 2024
Extrait de la revue LAVE N°214 parue en juin 2024
Extrait de la revue LAVE N°213 parue en avril 2024
Extrait de la revue LAVE N°212 parue en décembre 2023
Sans compter les nombreux volcans sous-marins,
40 à 50 volcans en moyenne sont en éruption simultanément sur notre planète.
Heureusement, ces deux pages n’ont pas pour vocation à être une liste exhaustive de celles-ci,
mais plutôt d’axer sur les situations qui me semblent les plus intéressantes...
A l’heure où j’écris ces mots, la quatrième éruption sur la péninsule de Reykjanes en Islande se fait attendre, mais quelle séquence volcano-tectonique. Une phase de troubles a d’abord débuté le 24 octobre dans le secteur du Blue Lagoon et de la centrale géothermique voisine qui lui relâche ses eaux chaudes prisées des touristes. Sismicité et inflation indiquaient alors la formation d’une intrusion magmatique vers 5 km de profondeur. Puis, à partir du 10 novembre, la sismicité a affecté un secteur un peu plus à l’est, avec une intensité incroyable. Dans la nuit du 10 au 11 novembre, des séismes de magnitude supérieure à 3 avaient lieu toutes les 3 minutes. Ils attestaient de la formation d’un dyke de 15 km de long, orienté Nord-Est/Sud-Ouest, depuis le centre de la péninsule jusqu’au large de Grindavik, en passant parfaitement sous la ville dont les 4000 habitants ont logiquement été évacués. Mais même si le magma était alors soupçonné se situer à environ 1000 m sous la surface, il n’est pas sorti... La sismicité est alors restée à un niveau élevé, jusqu’à ce qu’un nouveau soulèvement de la surface du sol soit repéré au même endroit qu’au début de cette phase de troubles, à l’ouest du Blue Lagoon et de la centrale, autour desquels des buttes de terre sont d’ailleurs en train d’être construites pour les protéger d’une éventuelle éruption. L’afflux de magma y serait bien plus important qu’avant... Alors, que nous réserve la suite ?
Durant cette période, trois éruptions paroxysmales se sont aussi produites. La première clôtura une éruption du Klyuchevskoy au Kamtchatka, qui débuta à la fin du mois de juin. Strombolienne d’abord au sommet de ce haut volcan, puis mixte à partir de la fin du mois de juillet, avec des coulées éphémères sur certains versants du volcan. Puis, à partir de la fin du mois de septembre, l’activité effusive devint permanente, toujours dans diverses ravines, avec un débit qui augmenta au cours du mois d’octobre et s’intensifia nettement à la fin du mois. Cette hausse progressive de l’activité conduisit à un paroxysme du volcan le 1er novembre : une puissante fontaine de lave de 500 à 700 m de haut forma un panache qui atteindra 14 km d’altitude. En plus des coulées de boue, dues à l’interaction des laves avec la neige, au moins une nuée ardente se forma sur le versant Nord-Ouest : elle arrivera la base du volcan avec une vitesse moyenne d’environ 200 km/h. Ce paroxysme dura une vingtaine d’heures et forma un imposant panache de cendres qui s’étendit sur plus de 3 000 km vers l’est et conclut une bien jolie éruption.
En Sicile, l’Etna a encore fait des siennes. Une jolie activité strombolienne débuta au Cratère Sud-Est en octobre, dont la fréquence et l’intensité s’intensifièrent au cours du mois, si bien que début novembre, des explosions avaient lieu toutes les secondes. Le 12 novembre, l’activité explosive s’intensifia encore plus nettement, avec la formation de fontaines de lave dans la soirée qui formèrent une colonne de cendres rabattue vers l’est, ce qui occasionna quelques retombées dans certains villages dans ce secteur du volcan. Même si les nuages empêchèrent d’observer correctement l’activité, l’observatoire volcanologique repéra des nuées ardentes vers le Sud-Est et les images satellites renseignèrent d’un champ de lave assez étendu au Sud du Cratère Sud-Est qui, lui, semble avoir de nouveau grandi. Peu après, l’activité strombolienne reprit sur ce cône volcanique et continue encore à ce jour... de quoi présager un nouveau paroxysme bientôt sur le géant sicilien désormais enneigé.
L’activité du volcan Ulawun en Papouasie-Nouvelle-Guinée, est beaucoup plus compliqué à suivre dans le temps, mais une phase similaire d’activité s’est produite les 20 et 21 novembre. Pendant plusieurs heures, une fontaine de lave a engendré un panache de cendres qui a culminé à 18 km d’altitude. Des nuées ardentes se sont aussi formées sur certains flancs du volcan, ainsi qu’au moins deux coulées de lave... Des cendres assez abondantes sont retombées vers l’ouest, notamment sur les champs de palmiers qui sont cultivés dans ce secteur, quelques villages ont été évacués et un aéroport local a été momentanément fermé...
Enfin, une petite éruption surtseyenne est en cours depuis la fin du mois d’octobre au large de l’île d’Iwo Jima (Japon, archipel d’Ogasawara). Un survol en date du 30 octobre a permis de constater des gerbes de cendres caractéristiques de ce type d’activité, depuis un évent situé à quelques centaines de mètres au large de la côte sud de l’île, dans le même secteur où une activité sous-marine avait été repérée plusieurs fois en 2022. La petite île constatée au moment de ce survol s’accrue par la suite, de forme très changeante et majoritairement liée à l’érosion marine, avec un cône éruptif de plusieurs dizaines de mètres de haut. L’activité devint plus modeste à partir du 8 novembre, mais elle reprit à la fin du mois de novembre... Alors, réussira-t-elle à construire un édifice aérien assez solide, ou bien le sommet du volcan retournera rapidement sous la surface de l’océan ? La suite à la prochaine revue !