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  VOLCANS
/ Synthèse de l’actualité volcanique

Quelques actualités volcaniques... du 1er décembre 2022 au 28 février 2023

_______________ Ludovic Leduc _______________

Extrait de la revue LAVE N°215 parue en septembre 2024
Extrait de la revue LAVE N°214 parue en juin 2024
Extrait de la revue LAVE N°213 parue en avril 2024
Extrait de la revue LAVE N°212 parue en décembre 2023

Sans compter les nombreux volcans sous-marins,
40 à 50 volcans en moyenne sont en éruption simultanément sur notre planète.
Heureusement, ces deux pages n’ont pas pour vocation à être une liste exhaustive de celles-ci,
mais plutôt d’axer sur les situations qui me semblent les plus intéressantes...

L’éruption du Mauna Loa (Hawaï) s’est poursuivie jusqu’aux environs du 10 décembre. Le cône formé sur la fissure n°3 est resté égueulé pendant toute l’éruption, atteignant une cinquantaine de mètres de haut, quand la coulée la plus longue a parcouru environ 19 km. Le volume estimé de cette éruption est de 230 millions de m3, ce qui donne un débit moyen d’environ 200 m3/s sur les treize jours d’éruption ! De quoi remplir une piscine olympique toutes les quinze secondes environ : incroyable !

Curieusement, au moment où le Mauna Loa se rendormait, son voisin le Kilauea l’imita. Depuis début novembre déjà, les scientifiques avaient remarqué une baisse de l’activité, avec un plancher du cratère qui stagnait à 143 m d’élévation depuis le début de l’éruption. Cela indiquait une baisse du débit, lui qui était déjà bien modeste en comparaison de celui du Mauna Loa (environ 3 m3/s). Il est possible que l’important volume émis par ce dernier entraîna un relâchement des contraintes, ce qui aurait pu permettre une baisse de la pression interne du Kilauea suffisante pour ne plus maintenir l’éruption.
Quoi qu’il en soit, après une pause d’un mois, une nouvelle éruption se produisit le 5 janvier, toujours sur le fond de la caldeira Halema’uma’u. Les laves inondèrent d’abord quasiment l’intégralité du plancher du cratère, puis un étang de lave d’environ 12 hectares se forma à quelques centaines de mètres à l’est du bassin actif lors de l’éruption précédente de 2021 - 2022, qui fut d’ailleurs réalimenté pendant cette éruption. Durant un mois, l’activité fut assez stable, avec des débordements au niveau de l’étang principal qui lui permirent de devenir perché quelques mètres au-dessus du plancher du cratère. Mais le 17 février, une forte déflation du volcan se produisit et engendra une baisse conséquente de l’activité, jusqu’à l’arrêt de l’éruption le 7 mars.

Sur l’Etna (Italie), l’activité effusive débutée fin novembre à la base nord-est du Cratère Sud-Est a perduré jusqu’au début du mois de février, avec un débit toujours très réduit. Les fronts de lave les plus avancés n’ont ainsi parcouru qu’environ 2 km, formant un champ de lave modeste dans la Valle del Leone pour un volume de quelques millions de mètres cubes seulement.

À un peu plus de 100 km de là, le Stromboli (Îles Éoliennes) a lui poursuivi son activité assez intense, avec des explosions majeures le 30 janvier et le 16 février, ainsi qu’une dizaine de phases d’effusion pendant ce trimestre ! Ces coulées de lave se sont épanchées dans le canyon formé dans la Sciara del Fuoco par les coulées pyroclastiques du 9 octobre 2022. Ces phases d’effusion duraient quelques heures en général et étaient trop courtes pour atteindre la mer, sauf lors de l’événement du 4 au 9 décembre. Lors de cet épisode, l’activité effusive fut assez conséquente et à l’origine d’une série de coulées pyroclastiques le premier jour dont une a engendré un micro-tsunami de 1,5 m qui a déclenché le système d’alerte sur l’île ! Puis, après avoir atteint la mer ce 4 décembre, les coulées ont continué de s’épancher dans le canyon de la Sciara del Fuoco, pour un spectacle fascinant pendant plusieurs jours...

Au Chili, un panache de cendres d’environ 6 km de haut s’est formé au-dessus du volcan Lascar le 10 décembre, sans précurseur particulier. Un dégazage et une incandescence marquèrent ensuite le sommet du massif volcanique, mais le niveau d’alerte fut abaissé mi-janvier. Sauf que la sismicité ré-augmenta le 26 janvier et un petit dôme de lave fut repéré au fond du cratère quelques jours plus tard. Il fut en croissance durant très peu de temps, car les anomalies thermiques au fond du cratère disparurent dès le début du mois de février !

2 000 km plus au sud, l’activité du Villarica s’est intensifiée à partir d’octobre, avec l’élévation du niveau de lave dans le cratère. Hormis, une incandescence plus intense au-dessus du volcan, quelques explosions stromboliennes sont repérées de temps en temps, ainsi que quelques discrètes émissions de cendres. Même si cette activité éruptive est assez modeste, certaines projections retombent quand même à plus de 500 m du cratère, ce qui obligea les autorités à augmenter la zone de danger autour des bords de celui-ci...

En Équateur, une éruption a débuté sur le Cotopaxi le 21 octobre, avec une première émission de cendres suivie d’un dégazage continu. En novembre, les anomalies thermiques et les cendres devinrent plus fréquentes, avec des panaches entre 500 et 2 000 m de haut, à l’origine de quelques chutes de cendres sur les villages aux alentours. La fréquence de ces émissions de cendres continua d’augmenter en décembre, pour devenir presque quotidiennes à partir de janvier. Depuis, l’activité est assez stable, modeste, et ne montre pour l’instant aucun signe d’intensification.

En Indonésie, une activité strombolienne a animé le Krakatau, en janvier principalement, avec des panaches de cendres assez modestes de 200 à 500 m de haut.

Au Semeru, une coulée de lave a recommencé à se former sur le flanc sud-est du volcan à partir d’octobre et fut à l’origine d’une séquence de coulées pyroclastiques le 4 décembre dans la ravine au sud-est du volcan, un an jour pour jour après la catastrophe qui avait fait une cinquantaine de morts dans ce secteur. Les nuées ardentes ont parcouru 13 km et n’ont fait aucune victime, sans doute grâce aux interdictions d’accès qui avaient été définies suite à la catastrophe de décembre 2021 !

Enfin, une éruption a débuté le 8 février sur le Karangetang, au niveau du Cratère Sud. La lave déborde de celui-ci et forme des coulées, vers le sud-ouest principalement. La pente étant importante, ces coulées s’effritent continuellement, ce qui génère des avalanches de blocs qui, en rebondissant, se brisent et arrosent ainsi tout le quart sud-ouest du volcan. Ces blocs s’accumulent principalement de part et d’autre d’un ancien relief au sud-ouest du Cratère Sud, formant des dépôts instables qui finissent par s’effondrer. Cela génère alors d’autres avalanches qui, selon leur intensité, forment parfois des coulées pyroclastiques qui atteignent classiquement 1 km de long, leur front s’arrêtant à environ 1,5 km des premiers villages...

Merci beaucoup à tous les photographes qui donnent ces photos gracieusement et permettent ainsi d’illustrer joliment cet article.
Merci notamment à Sylvain chermette, gérant de l’agence 80 Jours voyages qui organise des séjours « éruptions express »,
le dernier en date sur le Karangetang nous permet d’en avoir de belles photos...

Sommaire de la revue LAVE N°215 parue en septembre 2024