Dimanche 14 Janvier 2024
Reykjanes (Islande)
-- 9 heures (heure française / 8 heures en Islande) --
Une éruption a débuté en Islande, au nord de Grindavik. La ville de 3700 habitants a été évacuée en urgence, plutôt que prévu (l’évacuation était programmée pour le 15 janvier au soir) en raison d’une sismicité montrant que l’intrusion magmatique a tendance à se diriger vers le sud. Par prudence, une partie de la population avait déjà quitté les lieux.
Une fissure de 840 m de longueur s’est ouverte au niveau de la chaîne de cratères de Sundhnúkagígar, au nord de Grindavik et a commencé à se prolonger vers le sud.
-- 11 heures --
L’éruption continue sur la péninsule de Reykjanes au nord de Grindavik. Le magma emprunte les fissures ouvertes par l’intrusion du mois de novembre 2023, avec un rideau de fontaines de lave. Comme toujours avec ce type d’éruption fissurale, la pression a un peu diminué par rapport aux premières minutes de l’événement, mais l’intensité éruptive reste soutenue. La lave à haute température s’épanche rapidement à la surface du sol. Selon les scientifiques ayant survolé la zone à bord de l’hélicoptère des garde-côtes, l’éruption se déroule de part et d’autre des digues de terre récemment édifiées pour protéger Grindavík d’éventuelles coulées de lave. D’après les mesures prises par l’hélicoptère des garde-côtes, le périmètre se situe désormais à environ 450 m des maisons les plus au nord de la bourgade. La question est de savoir comment va évoluer la situation. Si le magma empruntait les fissures existant plus au sud, la menace serait alors réelle pour Grindavik. La police islandaise demande à la population de ne pas s’approcher du site de l’éruption.
-- 14 heures --
Les images des webcams permettent d’observer l’éruption sur la péninsule de Reykjanes et les deux fractures éruptives qui se sont ouvertes au nord de Grindavik. La fracture qui s’est ouverte à 8h (heure locale) reste très active, même si les fontaines de lave ont perdu de leur splendeur. La lave se dirige vers Grindavik mais est déviée par la digue de terre qui a été édifiée pour protéger la ville. A la mi-journée, on pouvait voir les bulldozers tenter de renforcer ce rempart de terre.
Une autre fissure s’est ouverte vers midi et est très active aux abords de Grindavik. La lave jaillit à quelques centaines de mètres des habitations. La fissure éruptive s’est allongée au cours des dernières dizaines de minutes et Grindavik semble vraiment menacée.
-- 17 heures –
La lave de la deuxième fissure éruptive, qui s’est ouverte aujourd’hui vers midi, a atteint les premières maisons de Grindavík peu après 14h (heure locale). Cette fissure mesure environ 150 m de long et s’est ouverte à quelques dizaines de mètres de la limite de la ville. Des digues de terre avaient été édifiées pour détourner la première coulée de lave qui était plus volumineuse. Ces efforts ont été couronnés de succès, même si la lave a traversé la Grindavíkurvegur, la route qui relie la ville à Reykjanesbraut, la route entre Keflavik et Reykjavik.
Les scientifiques du Met Office pensent que l’éruption a atteint un certain équilibre avec l’ouverture de la deuxième fissure. En raison de la planéité de la zone, la lave s’écoule assez lentement, et au rythme actuel, elle pourrait s’écouler à une vitesse d’environ cent mètres par heure.
Ce soir, la sismicité a chuté, la pression exercée par le magma étant beaucoup moins importante qu’au début de l’éruption. Le trémor éruptif est lui aussi en baisse. Reste à savoir combien de temps il faudra à la lave qui s’est accumulée depuis l’éruption du 18 décembre pour s’évacuer.
-- 20 heures –
Les nouvelles ne sont pas très bonnes ce soir. Les données GPS montrent une augmentation du débit de magma dans le dyke près de Grindavík. Le Met Office prévient que de nouvelles fissures sont susceptibles de s’ouvrir aujourd’hui ou dans les prochains jours.
Au terme de cette journée chaotique et très difficile pour Grindavik, on peut dire que la prévision éruptive a été relativement bonne, même si l’éruption s’est déclenchée plus tôt que prévu. Le soulèvement du sol observé en permanence depuis la fin de l’éruption du 18 décembre 2023 montrait que du magma s’accumulait dans une zone proche de la centrale de Svartsengi. Si la sismicité n’a jamais été significative, les mesures GPS en surface et les mesures InSAR par satellite ne laissaient pas de doute. Il était quasiment certain qu’une éruption allait se déclencher. La zone de la chaîne de cratères de Sundhnúkagígar semblait le site le plus probable. Finalement, ce 14 janvier 2024 vers 8h, la lave est sortie par une première fissure d’environ 900 m de long au nord de Grindavik. La digue de terre édifiée pour protéger la ville a montré son efficacité et permis de dévier le cours de la lave. La situation s’est compliquée vers midi quand une deuxième fissure s’est ouverte à proximité immédiate de la bourgade. Des maisons ont être touchées par la lave vers 14h ; plusieurs sont la proie des flammes. La suite dépendra de l’intensité de l’éruption et du débit de la lave.
Ce soir, Grindavik n’a plus d’électricité et la lave a également coupé l’eau froide et l’eau chaude dans la ville. Selon la Protection Civile, l’éruption actuelle constitue « la menace la plus grave en Islande depuis janvier 1973 » [quand la lave a détruit Heimaey dans les îles Westman].
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