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/ Les grandes catastrophes

Krakatau, 27 août 1883, chronique d'une éruption paroxysmale

Situation géographique du Krakatau

Dans le détroit de la Sonde, à mi-chemin des îles de Java et de Sumatra et non loin des îles de Sertung (Verlaten) et de Rakata Kecil (Panjang ou Lang) se trouve aujourd'hui une petite île formée par un volcan actif : l'Anak Krakatau.
Au même endroit, avant le cataclysme de 1883, l'île de Rakata culminait à 813 mètres d'altitude. Elle était occupée par un volcan actif, le Krakatau (ou Krakatoa), lui-même composé de trois cratères, le Perboewatan (ou Perbuatan), le Danan et le Rakata.

Les prémices de l'éruption de 1883

Entre le 20 avril et le 10 mai 1883, de nombreux tremblements de terre de faible intensité affectent la côte ouest de Java ainsi que le sud de l'île de Sumatra. L'activité sismique s'amplifie brusquement durant la nuit du 9 au 10 mai 1883 au cours de laquelle le gardien du phare de First Point, à Java, sent le bâtiment osciller. Ces séismes, accompagnés par des bruits assourdissants, vont être ressentis jusqu'au 19 mai 1883.
À 10 heures du matin, le dimanche 20 mai 1883, du pont de son navire le capitaine HOLLMANN assiste au début de l'éruption. En une demi-heure, un panache éruptif se déploie en forme de champignon au-dessus du Perboewatan et atteint 11 000 mètres d'altitude. Le bruit des explosions arrive à Batavia, actuellement la ville de Jakarta, aux alentours de 10 h 50.
À partir du 26 mai 1883, l'activité volcanique connaît une baisse d'intensité. Durant trois jours, la hauteur du panache éruptif stagne entre 1 000 et 1 500 mètres d'altitude. Profitant de cette accalmie, des excursions maritimes sont organisées autour du Krakatau. Au cours de l'une d'elles, durant la journée du dimanche 27 mai, un ingénieur des mines hollandais du nom de SCHURMAN débarque sur l'île de Rakata. On lui doit le premier rapport scientifique de cette éruption. Le 11 août 1883, un capitaine du service topographique de l'armée hollandaise, H.J.G. FERZENAAR se rend à son tour sur l'île dévastée. Il note que le Danan est également en éruption. FERZENAAR sera la dernière personne à fouler le sol de l'île dont il dressera également l'ultime carte géographique. Par la suite, le docteur Rogier Diederik Marius VERBEEK, un géologue hollandais, effectuera un remarquable travail de synthèse des évènements tragiques survenus au cours du mois d'août 1883.



Le Krakatau en éruption (d'après un croquis de Jean Théodore van Gestel)
Photographie © Document d'archive : Joël Boyer



Oscillations barométriques produites par l'explosion du Krakatau et enregistrées par l'Observatoire météorologique de Montsouris (Paris) les 27 et 28 août 1883.
Photographie © Document d'archive : Joël Boyer



Le Krakatau en éruption (dessin de Blanadet).
Photographie © Document d'archive : Joël Boyer



Carte des îles de la Sonde avant la catastrophe du Krakatau.
Photographie © Document d'archive : Joël Boyer



Tsunami dans la baie de Lampong (dessin de Franck H. Schell).
Photographie © Document d'archive : Joël Boyer



Carte des îles de Rakata, Verlaten et Lang après la catastrophe du 27 août 1883 (d'après R.D.M. Verbeek).
Photographie © Document d'archive : Joël Boyer



La canonnière "Berouw" sur la rivière Kouripan (dessin de Th. Weber, d'après un croquis de M. Korthals).
Photographie © Document d'archive : Joël Boyer

La journée du dimanche 26 août 1883

Le 26 août 1883, dès onze heures du matin, VAN SANDICK, un ingénieur des Ponts et Chaussées embarqué à bord du steamer " Gouverneur Generaal Loudon " note : " Partout un brouillard épais dans la nuit ! Partout, un ciel sans étoiles ! Et cette terrible nuit qui a duré dix-huit heures ! "
À 13 h 06, une explosion plus forte que les autres marque le début de la catastrophe qui va s'abattre sur Java et Sumatra. Du matériel éruptif est projeté à 21 000 mètres d'altitude et le bruit des explosions est entendu à 600 kilomètres du lieu de l'éruption .
À 14 heures, une grande partie des côtes ouest et nord de Java se retrouve plongée dans l'obscurité la plus totale.
Vers 15 heures, le panache éruptif atteint la hauteur de 26 000 mètres. Des morceaux de ponces d'une taille de 10 à 15 centimètres retombent sur des bateaux situés à plus de 20 kilomètres du centre éruptif. En fin d'après-midi, un premier tsunami frappe la baie de Lampong située au sud de Sumatra. La côte javanaise subit l'assaut des premières vagues destructrices entre 19 et 21 heures.

La nuit du 26 au 27 août 1883

Durant la nuit du 26 au 27 août 1883, les témoignages des capitaines W.J. WATSON et William LOGAN font état de retombées de cendres et de ponces brûlantes sur les ponts de leurs navires. L'air saturé en électricité, favorise l'apparition de feux de Saint-Elme et d'éclairs qui foudroient plusieurs marins. A bord du " Gouverneur Generaal Loudon ", VAN SANDICK note : " De temps en temps, la foudre s'abattait sur le mât et chaque fois suivait le fil conducteur du paratonnerre, par-dessus le vaisseau, pour se perdre dans les abîmes de la mer, en faisant entendre une crépitation satanique. Pendant la durée de l'éclair, on pouvait constater partout, sur les visages et les mains, sur les cordages et le pont, une teinte gris cendré, couleur de boue " .

À 23 h 32, les ondes de choc provoquées par les explosions bloquent l'horloge astronomique de Batavia. Le bruit des explosions est alors perçu à Singapour, une ville située à 900 kilomètres du Krakatau. D'autres ondes de choc seront également enregistrées à 1 h 55 et 4 h 56.

La journée du lundi 27 août 1883

À 5 h 30, 6 h 44 et 8 h 20, trois violentes explosions sont perçues dans un rayon de 3 000 kilomètres autour du centre éruptif. Vers 6 heures du matin, des tsunamis dévastent les villes d'Anjer à Java et de Ketimbang à Sumatra.
" À Anger, 27 août, six heures du matin, la plupart des habitants étant encore au lit, une masse d'eau toute noire, énorme, arrive avec fracas, monte et inonde la ville. Puis elle se retire, entraînant dans la mer, hommes, femmes et enfants. Tout est de nouveau calme et silencieux, on ne voit plus que des débris de cadavres, de vaisseaux, de ponts et de branches. Ce n'est que le commencement. Une épaisse pluie de cendres envahit l'atmosphère. Les personnes qui sont sauvées et qui sont presque toutes blessées reprennent haleine. Une deuxième onde arrive, à son tour monte à 35 mètres de hauteur, et, en rentrant, elle entraîne tout ce qui avait survécu au premier choc. Il n'y a plus d'Anjer au monde ! Seul le soubassement du phare du quatrième point de Java reste debout. Voilà Anjer comme nous l'avons vu du pont du Loudon le 28 août. "
À 7 heures du matin, la colonne éruptive atteint maintenant l'altitude de 43 000 mètres. Entre 7 h 30 et 8 h 30, de nouveaux tsunamis déferlent sur Sumatra détruisant les villes de Tjiringin et de Telok Betong tandis qu'à 9 heures, une vague géante dont la hauteur est estimée entre 30 et 40 mètres frappe Merak à Java où 2 700 personnes périssent noyées. À Telok Betong, seuls survivront une poignée d'européens dont la maison était située sur une colline haute de 37 mètres.
La violence du Krakatau atteint son apogée à 10 heures du matin le lundi 27 août 1883. La quatrième grosse explosion de la matinée est entendue à Ceylan, aux Indes, en Australie et dans une grande partie de l'Océan Indien. Au Timor et à Makassar, le bruit fut perçu comme étant celui d'un combat naval tandis qu'à Ceylan, il fut interprété comme étant celui d'une bataille à l'arme lourde. À 4 800 kilomètres du volcan, les habitants de l'île Rodrigues perçoivent la détonation 4 heures après l'explosion. On considère que le son produit par cette déflagration fut le plus puissant jamais entendu par une oreille humaine. Une estimation tend également à prouver qu'elle fut entendue sur 1/14ème de la superficie totale du globe terrestre. Cette explosion fut accompagnée par un tsunami qui rasa le phare de Fourth Point à Java. À Telok Betong, une petite ville de Sumatra située à 70 kilomètres au nord-ouest du Krakatau, la mer monta de 22 mètres, jetant le voilier " Marie " sur la plage et entraînant la canonnière " Berouw " (* voir note en bas de page). On retrouvera plus tard la " Berouw ", posée à une dizaine de mètres au-dessus du niveau de la mer et à une distance de 3 kilomètres à l'intérieur des terres. Le " Marie " aura plus de chance car une vague le remettra ultérieurement à flot. Ce sera l'un des rares navires rescapés de ce drame avec le " Gouverneur Generaal Loudon ".
" La région de destruction complète est à peu près un cercle qui a pour centre le volcan de Krakatoa et pour rayon une ligne de quatre-vingt-dix kilomètres. Les parties voisines de la mer, sur les côtes de Java et de Sumatra, qui donnent sur le détroit de la Sonde, ont été rasées par ces vagues gigantesques, hautes de trente-cinq mètres qui se sont précipitées au milieu des terres jusqu'à une distance de un à dix kilomètres du rivage. Tout l'ouest de Java a été détruit complètement et les îles du détroit de la Sonde sont dépourvues de toute trace de végétation ou d'habitation jusqu'au niveau de la haute marée du 27 août. Dans les baies de Lampong et de Semangka, le flot s'est élevé de trente à trente-cinq mètres, détruisant tout sur une longueur de cinq cents kilomètres. Le nombre total des personnes qui ont péri dépasse quarante mille. La ville de Tjiringin, éloignée de 48 kilomètres de l'île de Krakatoa, a disparu dès la première marée. Rien n'a survécu. (…) La ville de Mérak a également disparu avec tous ses habitants ".
L'onde de choc fit trois fois le tour du globe terrestre faisant voler en éclat toutes les vitres dans un rayon de 500 kilomètres. À Tokyo, une ville pourtant située à 5 860 kilomètres du lieu de l'éruption, on enregistra une augmentation de pression de 1,45 millibar tandis qu'à Batavia la température chutait brutalement de 8°C. La première onde de choc, venant de l'est, mit une dizaine d'heures pour arriver à Paris après avoir parcourue près de 11 600 kilomètres. La seconde, qui arriva par l'ouest, mit environ 24 h 30 pour parcourir la distance séparant le détroit de la Sonde à Paris en passant par l'Amérique soit un trajet de plus de 28 500 kilomètres. Des enregistrements barométriques montrent que les ondes de choc firent donc le tour de la planète en moins de 35 heures à une vitesse moyenne estimée à 1 150 km/heure soit 328 mètres par seconde.
Sur la côte basque, les marégraphes du port de Socoa dans le Golfe de Gascogne, enregistrèrent des anomalies dans l'amplitude des ondes marines, ces dernières s'étant propagées dans le Pacifique et l'Atlantique. Ferdinand de LESSEPS, qui se trouvait alors à Panama pour construire le "canal interocéanique", enregistra également des anomalies marines qu'il attribua à l'éruption du Krakatau : " Dans la journée du 27 août dernier, à partir de quatre heures du soir environ, le niveau de la mer, à Colón, éprouva une série d'oscillations que le marégraphe, établi par la Compagnie du canal interocéanique, accusa d'une façon très nette. Ces oscillations étaient, quant à l'amplitude, tout à fait comparables aux mouvements actuels de la marée en ce point ; seulement, la durée en était moindre, de une heure à une heure trente minutes, au lieu du chiffre à peu près normal de douze heures. La grande courbe du marégraphe montre que, entre 3 h 30 du soir et 1 h 30 du matin, la mer effectua huit oscillations dont l'amplitude varia à peu près de 0,30 mètres à 0,40 mètres ; le mouvement commença par une dépression dans le niveau de la mer, comme s'il y avait eu au large une commotion violente dans un sens opposé à la direction de Colón, ou une disparition subite d'île dans les profondeurs de la mer ; mais que, à partir de 1 h 30 mn du matin, le 28 août, il alla en s'affaiblissant graduellement jusqu'à 11 heures ou midi. (…) D'un autre côté, rien en fait de phénomènes météorologiques, ne pouvait justifier de pareils mouvements ; la température, la pression étaient absolument normales, le vent étant faible, comme pendant tout le mois d'août, et la surface de la mer ne présentait que la petite agitation des jours précédents ou suivants. Ces oscillations ne pouvaient donc être occasionnées que par un phénomène tout à fait extraordinaire. On ne tarda pas, dans l'isthme, à en avoir l'explication, quand on apprit la catastrophe qui avait eu son origine dans le détroit de la Sonde ".
Vers midi, le tsunami est observé à Batavia. Le panache éruptif atteint désormais les 48 000 mètres d'altitude et l'obscurité est totale dans un rayon de 400 kilomètres autour du volcan.
Des coulées pyroclastiques commencent à progresser à la surface de la mer sur de très grandes distances. Certaines d'entres elles vont parcourir 48 kilomètres en direction du nord-est et de l'île de Sumatra. Dans la baie de Lampong sur la côte sud de Sumatra à plus de 46 kilomètres du lieu de l'éruption des corps seront retrouvés enfouis sous 2 mètres de cendre mortellement chaude. Plusieurs survivants de la région de Katimbang, évoqueront des gaz et des cendres brûlantes jaillissant des planchers de leurs maisons. Ainsi, le contrôleur de Katimbang, monsieur Beijerinck, réfugié avec sa femme et ses enfants sur les pentes du Radja Bassa sera grièvement brûlé tandis que leur fils cadet succombera à ses brûlures. Les survivants devront leur salut à une pluie froide, providentielle mais boueuse, qui leur permettra d'échapper à une mort atroce. Ces quelques rescapés ne pourront être secourus que le 1er septembre 1883.
Vers 14 h 30, la nuit est totale dans un rayon de 1 000 kilomètres autour du centre éruptif. Certains endroits du détroit de la Sonde, profonds de 20 à 60 mètres, sont maintenant comblés par des dépôts de cendres, de ponces et d'ignimbrites dacitiques. Dans certains cas, l'épaisseur des matériaux déposés favorisent l'émergence de nouvelles îles telles Steers et Calmeyer. Les côtes des îles Sertung et Rakata Kecil gagnent temporairement 3 kilomètres sur la mer. VAN SANDICK notera d'ailleurs à propos des retombées de cendres de l'éruption : " La région des cendres a une surface de 827 000 kilomètres carrés. C'est plus que l'étendue entière de la France, plus que celle de l'Autriche, plus que l'Allemagne, le Danemark, l'Islande, la Hollande et la Belgique ensemble ".
Les cendres en suspension dans l'atmosphère retomberont sur Terre durant plusieurs mois. À Lausanne, SECRETAN DE BAULIEU note : " En date du 12 décembre, la neige du Mont-Blanc paraissait teintée de rose depuis plusieurs jours " . En Allemagne et en Suisse, entre septembre et décembre 1883, on observera à plusieurs reprises des pluies ou des chutes de neige accompagnées " d'une fine couche de poussière de couleur noire ".
À partir de 16 heures, la violence de l'éruption décroît. L'éruption s'arrête dans la matinée du 28 août 1883 après avoir expulsée entre 18 et 21 km3 de matériaux volcaniques. Le Krakatau n'existe plus et 70% de l'île de Rakata s'est volatilisée au cours de cette éruption. Le bilan humain et matériel de cette catastrophe est également très lourd : 36 417 morts (dont 35 000 tués par les tsunamis et l'autre millier par les coulées pyroclastiques de Sumatra), 165 villages totalement détruits et 132 autres sérieusement endommagés.



Navires drossés à la côte par les tsunamis (dessin de P. Fouché).
Photographie © Document d'archive : Joël Boyer



Explosion du Perboewatan (dessin de Th. Weber).
Photographie © Document d'archive : Joël Boyer



Le Rakata après l'éruption (dessin de TH. Weber, d'après l'album de Krakatau, publié par le gouvernement hollandais).
Photographie © Document d'archive : Joël Boyer



La ville de Telok-Betong avant le tsunami qui allait la ravager (dessin de A. de Bar)
Photographie © Document d'archive : Joël Boyer



Le Rakata, vu du sud-est (dessin de TH. Weber, d'après l'album de Krakatau, publié par le gouvernement hollandais).
Photographie © Document d'archive : Joël Boyer



Enveloppe commémorative indonésienne du 1er jour du centenaire de l'éruption de 1883.
Photographie © Document d'archive : Joël Boyer



Vue panoramique de Rakata,
L'île de Rakata fut presque entièrement volatilisée lors du cataclysme du 27 août 1883.Elle servit ensuite de laboratoire à ciel ouvert pour les botanistes et les zoologues.
Ils y étudièrent la façon dont la vie renaissait après une catastrophe majeure. Indonésie, avril 1998.
Photographie © Document d'archive : Joël Boyer

Les phénomènes optiques post-éruptifs

Jusqu'en 1886, sur toute la planète, on observera des phénomènes optiques inhabituels provoqués par les aérosols en suspension dans l'atmosphère : couchers de soleil aux couleurs extraordinaires, couronnes solaires, soleil et lune colorés. De nombreux peintres immortaliseront ces couleurs flamboyantes. Ainsi, le ciel tourmenté du célèbre tableau " Le Cri " d''Edvard Munch doit beaucoup aux phénomènes optiques qu'il observa en se promenant dans les rues de la ville de Christiania (aujourd'hui Oslo au Danemark).
Des témoignages surprenants nous parviendront d'Amérique du Sud notamment celui laissé par CURILLO Y NAVAS de San Cristobal au Venezuela : " Le 2 septembre, le soleil a perdu presque soudainement son éclat à 3 heures de l'après-midi, de sorte qu'on pouvait le regarder en face. D'abord, c'était un globe d'argent mat, puis, assez rapidement, il est devenu bleu clair, puis bleu ciel. À 5 heures, nous nous voyions tous bleus, et la nature entière parut revêtir cette nuance, ainsi que les nuages qui se trouvaient aux environs du soleil ". Ce témoignage de soleil bleu fut également recueilli le même jour sur l'île de la Trinité dans les Caraïbes.
Quelques jours plus tard, en Colombie à Medellin, F. DE MUNOZ écrit à son tour : " Le dimanche 22 septembre, avant son coucher, le soleil apparut dépourvu de rayons et coloré d'un beau vert, de telle sorte que tout le monde pouvait le regarder sans en être ébloui. Insensiblement il devint azuré, puis violet ".
Le 26 novembre 1883, c'est au tour de la population parisienne d'assister à un spectacle fabuleux : " Après le coucher du soleil, le ciel s'est embrasé des flammes d'un immense incendie. C'était comme un nouveau jour ressuscité après la disparition de l'astre solaire. L'illumination était si vive, une demi-heure après le coucher du soleil, que, dans les rues affairées de la capitale, tous les passants s'arrêtaient, croyant d'abord à un incendie réel allumé dans l'ouest ".
Le 28 novembre 1883, à New-York, les badauds observent un gigantesque rougeoiement peu après 5 heures de l'après-midi. " L'horizon devint subitement écarlate à l'ouest de la ville (...). Beaucoup pensèrent qu'un gigantesque incendie était en cours ".
Début décembre 1883, à Paris, c'est au contraire la Lune qui prend des couleurs fantasmagoriques. " Les 6 et 7 décembre, à la veille du premier quartier, la lune suspendue dans le couchant rose, paraissait verte par contraste. (…) Le 15, elle était d'un rouge rubis ardent ".

La renaissance du volcan

Le 29 décembre 1927, à l'emplacement approximatif de l'ancien cône du Perboewatan débute une activité volcanique sous-marine.
Le 26 janvier 1928, une petite île volcanique de 3 mètres de haut et longue de 150 mètres émerge de la mer. Elle est baptisée Anak Krakatau, le " fils du Krakatau ". Par trois fois, la mer réduira à néant tous les efforts du volcan pour sortir de l'eau entre 1928 et 1930.
Le 11 août 1930, une nouvelle explosion permet enfin au volcan d'émerger définitivement.
L'Anak Krakatau va continuer à s'édifier dans les années qui suivent. Le volcan atteint 67 mètres d'altitude en 1933, 132 mètres en 1941, 181 mètres en 1977 et 199 mètres en 1981. Après un bref repos entre 1988 et 1992, le volcan reprend une activité constante qui perdure aujourd'hui. En 1998, il culmine à 270 mètres. Dix ans plus tard, son altitude est d'environ 300 mètres.
(*) ndlr : l'orthographe du nom de cette canonnière varie selon les auteurs d'ouvrages historiques publiés à la suite de cette éruption. Elle a ainsi été baptisée " Barouw " ou " Berouw ".

Bibliographie et articles sur le Krakatau

- " The eruption of Krakatoa and subsequent phenomena (report of the Krakatoa committee of the Royal Society) ", par G. J. Symons, 1888,
- " Krakatau " par Rogier Diederik Marius Verbeek, Batavia, 1886,
- " The Krakatoa eruption " par Rogier Diederik Marius Verbeek, Batavia, revue Nature, 1884,
- " L'éruption du Krakatoa et les tremblements de terre " par Camille Flammarion, 1890, (éditions Marpon et Flammarion),
- " In Het Rijk van Vulcaan " par R.A. Van Sandick (éditions W.J. Thieme & Cie), 1890,
- " Krakatau, fourth Pacific Science Congress ", par les Dr. Ch. E. Stehn, W.M. Docters Van Leeuwen et K.W. Dammerman, 1929,
- " Krakatoa, 27 août 1883, le jour où la Terre explosa " par Simon Winchester aux éditions JC Lattès, 2005,
- " Krakatau et le détroit de la Sonde ", article d'Edmond Cotteau, publié en 1884 dans " Le Tour Du Monde - Nouveau Journal des Voyages ",
- " The Krakatoa eruption, described for the first time by an eye-witness of its horrors " article de Jean Theodore Van Gestel, 1896.

© Documents d'archives & photos : Joël Boyer
Article publié dans la revue L.A.V.E. n° 130 (janvier 2008) & complété en mars 2009 pour le site L.A.V.E.